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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/122

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sa personne. Aussi la dixième légion, un peu insolente par la haute estime qu’avoit eue pour elle le grand César, ne pouvoit goûter le neveu, toutes les fois qu’elle se souvenoit de l’oncle ; d’où il arriva qu’elle fut cassée, avec tout son mérite, pour l’avoir méprisé une fois en sa présence.

Cela n’empêche pas qu’il ne se soit servi de la guerre admirablement, pour son intérêt et pour celui de l’empire. Jamais prince n’a su donner un meilleur ordre, ni se transporter plus volontiers, partout où les affaires l’appeloient : en Égypte, en Espagne, dans les Gaules, en Allemagne, dans l’Orient. Mais enfin, on voyoit que la guerre ne s’accommodoit pas à son véritable génie ; et quoiqu’il triomphât avec l’applaudissement de tout le monde, on ne laissoit pas de connoître que ses lieutenants avoient vaincu. Il eut passé pour un grand capitaine, du temps de ces empereurs, qui, par leur peu de vertu, ou par une fausse grandeur, n’osoient prendre ou tenoient au-dessous d’eux le commandement des armées. Étant venu dans un siècle où l’on ne se rendoit recommandable que par ses propres exploits, et succédant particulièrement à César, qui se devoit tout, il lui fut désavantageux de devoir plus à autrui qu’à lui-même.

Il n’en étoit pas ainsi dans le gouvernement,