Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/124

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grâces. Ainsi l’on s’étudia à lui plaire, et le soin de la cour devint un véritable intérêt. Ce ne fut pas néanmoins le plus considérable. Le mérite qui se rapportoit à l’État, étoit préféré à celui qu’on s’acquéroit par l’attachement à sa personne : ce qu’il établissoit lui-même par ses discours, ne parlant jamais de ce qui lui étoit dû, mais toujours de ce qu’il devoit lui-même à la république.

Cependant il n’y a point de vie si uniforme, où des actions particulières ne démentent quelquefois le gros de l’habitude et de la conduite. Il défendit un jour un de ses amis, accusé d’une méchanceté horrible5 ; et apparemment il le sauva par sa seule considération. Ce ne fut pas sans choquer tous les gens de bien ; mais il eut tant de modération à garder les formes, et à souffrir la liberté de ceux qui lui répondoient un peu hautement, qu’il en regagna les esprits ; et les mêmes qui s’étoient scandalisés, revenus de leur indignation, excusèrent ce qu’il y a d’injuste à protéger un méchant homme, par l’honnêteté qui se trouve à ne pas abandonner un ami.

Les gens de lettres eurent part à sa familiarité, Tite-Live entre autres, Virgile et Horace :


5. Nonius Asprenas. Voyez Pline, Hist. Nat., lib. XXXV, cap. 12 ; et Suétone, Aug., cap. 56.