Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/127

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sible que vous ne devez, il dépend du plus misérable ennemi, du plus chétif envieux, de troubler le repos de votre vie ; et tout votre pouvoir ne sauroit vous défendre de votre chagrin. »

Auguste alla plus loin en certaines choses, et demeura fort au-dessous en quelques autres. Je vois des injures oubliées ; je le vois si hardi dans sa clémence, qu’il ose pardonner une conspiration non-seulement véritable, mais toute prête à s’exécuter7.

Cependant, quelque vertueux que soient les hommes, ils ne donnent jamais tant à la vertu, qu’ils ne laissent beaucoup à leur humeur. Il n’est pas croyable combien il fut délicat sur son domestique. Rien n’étoit si dangereux que de parler des amours de Julie, si ce n’étoit d’avoir quelque intérêt avec elle. Ovide en fut chassé sans retour ; et ce qui me paroît extraordinaire, le mari même eut à se ressentir de cette méchante humeur. Que la conduite de Julie ne plût pas à Auguste, c’étoit une chose naturelle ; mais que le pauvre Agrippa ait eu à souffrir le chagrin de son beau-père et les débauches de sa femme en même temps, c’est une affaire bizarre, et le dernier malheur de la condition d’un mari.



7. La conspiration de Cinna.