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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/156

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plus. Mais son âme trop élevée, s’ajustoit mal aisément au train commun de la vie ; et peu sûre d’elle-même, il étoit à craindre qu’elle ne s’échappât parmi les plaisirs ou dans le repos.

Ici, je ne puis m’empêcher de faire quelques réflexions sur les héros, dont l’empire a cela de doux, qu’on n’a pas de peine à s’y assujettir. Il ne nous reste pour eux, ni de ces répugnances secrètes, ni de ces mouvements intérieurs de liberté, qui nous gênent dans une obéissance forcée : tout ce qui est en nous, est souple et facile ; mais ce qui vient d’eux est quelquefois insupportable. Quand ils sont nos maîtres par la puissance, et si fort au-dessus de nous par le mérite, ils pensent avoir comme un double empire qui exige une double sujétion ; et souvent c’est une condition fâcheuse de dépendre de si grands hommes, qu’ils puissent nous mépriser légitimement. Cependant, puisqu’on ne règne pas dans les solitudes, et que ce leur est une nécessité de converser avec nous, il seroit de leur intérêt de s’accommoder à notre faiblesse. Nous les révérerions comme des dieux, s’ils se contentoient de vivre comme des hommes.

Mais finissons un discours qui me devient ennuyeux à moi-même, et disons que par des moyens praticables, César a exécuté les plus