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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/158

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trompe, ou il nous donne souvent des causes bien recherchées de certaines actions toutes simples, ordinaires et naturelles.

Quand Auguste veut donner des bornes à l’empire, c’est, à son avis, par une jalouse appréhension qu’un autre n’ait la gloire de les étendre. Le même empereur, s’il en est cru, prend des mesures pour s’assurer les regrets du peuple romain, ménageant artificieusement les avantages de sa mémoire, par le choix de son successeur2.

L’esprit dangereux de Tibère, ses dissimulations sont connues de tout le monde : mais ce n’est pas assez connoître le naturel de l’homme, que de donner à ce prince un artifice universel : la nature n’est jamais si fort réduite, qu’elle ne se garde autant de droits sur nos actions, que nous en pouvons prendre sur ses mouvements. Il entre toujours quelque chose du tempérament dans les desseins les plus concertés ; et il n’est pas croyable que Tibère, assujetti tant d’années aux volontés de Séjan, ou à ses infâmes plaisirs, ait pu avoir toujours dans cette faiblesse et cet abandonnement, un art si recherché et une politique si étudiée.



2. Voyez sup., les Réflexions sur les divers génies du peuple romain, page 119 et 126.