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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/163

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intérêts et aux considérations particulières. Vous diriez que les conseils subtils et raffinés lui semblent indignes de la grandeur de la république ; et c’est peut-être par cette raison qu’il va chercher dans la spéculation peu de choses, presque tout dans les passions et dans le génie des hommes.

On voit dans l’histoire de Tacite plus de vices encore, plus de méchancetés, plus de crimes ; mais l’habileté les conduit, et la dextérité les manie : on y parle toujours avec dessein, on n’agit point sans mesure ; la cruauté est prudente, et la violence avisée. En un mot, le crime y est trop délicat, d’où il arrive que les plus gens de bien goûtent un art de méchanceté qui ne se laisse pas assez connoître, et qu’ils apprennent, sans y penser, à devenir criminels, croyant seulement devenir habiles. Mais laissant là Salluste et Tacite dans leurs caractères différents, je dirai qu’on rencontre peu souvent ensemble, une connoissance délicate des hommes, et une profonde intelligence des affaires.

Ceux qui sont élevés dans les compagnies, qui parlent dans les assemblées, apprennent l’ordre, les formes et toutes les matières qui s’y traitent. Passant de là par les ambassades, ils s’instruisent des affaires du dehors ; et il y en a peu, de quelque nature qu’elles soient,