Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/182

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qualité, on est moins animé qu’on ne doit, pour les grandes choses. Voici le portrait de M. d’Épernon, si je ne me trompe. Dans le respect qu’il exige, dans les devoirs qu’on lui rend, il oubliera ce qu’on doit au gouverneur et au colonel9, pourvu qu’on rende à M. d’Épernon ce qu’on ne lui doit pas. Je ne dis point que la distinction ne doive être agréable aux personnes de grande qualité ; mais il faut se l’attirer, et non pas se la faire présomptueusement soi-même.

« Il seroit honteux de laisser perdre les choses établies par le mérite et par le crédit de ses prédécesseurs : on ne sauroit avoir trop de fermeté à maintenir ces sortes de droits, quand la possession en est laissée ; mais il n’en va pas ainsi en des prétentions nouvelles, qui doivent être établies par délicatesse et par douceur, avant que d’être aperçues. C’est là qu’il vous faut aller adroitement aux autres, pour les faire venir insensiblement à vous ; et au lieu de prendre avec fierté ce qu’on peut refuser avec justice, un habile homme emploie toute son industrie à se faire donner ce qu’il ne demande pas.

« Soyez honnête, officieux, libéral ; que


9. Le duc d’Épernon étoit alors gouverneur de Guyenne et colonel général de l’infanterie.