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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/183

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chacun trouve chez vous sa commodité et son plaisir, on vous portera volontairement ce que vous exigerez sans succès par une hauteur affectée. Personne n’est blessé du respect qu’il veut bien rendre, parce qu’il peut ne le rendre pas, et qu’il pense donner des marques de son amitié, plutôt que de son devoir. La jalousie de la liberté est une chose commune à tous les hommes ; mais diverses gens la font consister en diverses choses. Les uns rejettent toute supériorité : le choix des supérieurs tient lieu de liberté à quelques autres. Le François particulièrement est de cette humeur : impatient de votre autorité et de sa franchise, il ne sauroit recevoir de maîtres sans chagrin, ni demeurer le sien sans dégoût ; ennuyé de sa propre possession, il cherche à se donner, et trop content de la disposition de sa volonté, il s’assujettit avec plaisir, si on lui laisse faire sa dépendance. C’est à peu près notre naturel que vous devez consulter, plutôt que le vôtre, dans la conduite que vous avez à tenir.

« Il y a deux choses parmi nous, qui apportent des distinctions fort considérables : la faveur du roi déclarée, et un grand mérite à la guerre bien reconnu. La faveur, qui ne diminue rien, en Espagne, de la jalousie des rangs, lève bien des contestations en France, où chacun se laisse conduire purement à l’intérêt, sous pré-