Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/192

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il n’y en a point qui sache pousser si loin vos faibles et vos défauts, quand il croit que vous lui donnez sujet de ne vous aimer pas. Voilà ce que vous avez à craindre de son humeur ; mais il n’est pas difficile de vous en garantir. Pour être sûr de lui, vous n’avez qu’à être sûr de vous-même ; et si vous avez des égards sur ce qui le touche, j’ose assurer qu’il en aura pour vous encore davantage. »

« Pour M. de Palluau, reprit M. de Candale, j’avoue que je m’accommoderois aussi bien avec lui qu’avec homme du monde ; et, vous m’obligerez, vous qui êtes si fort de ses amis, de le rendre plus particulièrement des miens. J’estime les bonnes qualités de M. de Miossens autant que vous. Je sais qu’on ne peut pas en avoir de meilleures : personne n’a plus d’esprit, et il l’emploie aussi volontiers qu’utilement, pour ses amis ; mais il a tenu jusqu’ici un procédé si désobligeant avec moi, que je ne me résoudrai jamais à lui faire aucune avance. S’il lui prenoit envie de me rechercher, ou que vous pussiez nous unir insensiblement, avec adresse, je n’y trouverois pas moins de plaisir que d’avantage. »

Moret et le chevalier de la Vieuville avoient donné cette aversion-là à M. de Candale ; et il l’auroit assez prise de lui-même, par un secret sentiment de gloire, qui ne pouvoit souffrir la