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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/193

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hauteur que M. de Miossens avoit avec lui en toute occasion, et à laquelle son humeur molle et paresseuse ne se donnoit pas la peine de s’opposer. Je ne prétends pas intéresser par là son courage : il en avoit véritablement ; mais la facilité de son esprit et sa nonchalance avoient un air de faiblesse, particulièrement en de petites occasions qui ne lui sembloient pas assez importantes pour troubler la douceur de son repos. Tout ce qui avoit de l’éclat excitoit sa gloire, et sa gloire lui faisoit trouver le véritable usage de son cœur. Je l’ai vu même aller au delà de ce qu’il se devoit, après avoir négligé des choses obscures, qui éclatoient à la fin : capable de hasarder ses établissements et de se perdre lui-même, quand il voyoit sa réputation bien engagée. Il donnoit au monde trop de prise sur lui, par ses négligences ; et le monde pouvoit le pousser trop loin, par un ridicule malicieux, qui lui faisoit perdre la modération de son humeur, ordinairement assez douce, et toujours moins douce que glorieuse.

Voilà quelques traits du portrait de M. de Candale. Comme il a eu assez d’éclat dans le monde, pour laisser la curiosité de le connaître tout à fait, il ne sera pas hors de propos d’en donner une peinture achevée. J’ai connu peu de gens qui eussent tant de qualités différentes ; mais il avoit cet avantage dans le commerce des