Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/24

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aux confidents particuliers de Son Éminence, qu’une longue et familière conversation avoit pleinement instruits de ses secrets. Pour moi, qui n’ai été qu’un simple spectateur, je ne vous puis donner que des conjectures et des lumières incertaines, que je dois à ma seule pénétration. Telles qu’elles sont, je vous les expose volontiers, et vous demande, pour toute grâce, que les louanges de M. le cardinal Mazarin ne vous soient pas suspectes d’adulation : le bien que j’en dis est un bien sincère, qui n’est point attiré par l’espérance des grâces, ni produit par la gratitude des bienfaits.

Comme le plus grand mérite du chrétien est de pardonner à ses ennemis, et que le châtiment de ceux qu’on aime est l’effet de l’amitié la plus tendre, M. le cardinal a pardonné aux Espagnols, pour châtier les François. En


avoit accompagné le cardinal Mazarin. François de Créqui, lieutenant-général en 1655, devint maréchal de France, en 1668 : il est mort en 1676. On se souvient que la découverte de cette lettre, chez Madame Du Plessis-Bellière, après l’arrestation de Fouquet, fut la cause de la disgrâce de Saint-Évremond. Elle fut imprimée en Hollande, dès 1663 : Voy. le P. Le Long, III, nº 30 924 ; et on l’a retrouve en manuscrit, dans plusieurs anciennes copies des Mémoires de La Rochefoucauld. La principale curiosité de cette pièce ironique est d’être l’expression des mécontentements du parti militaire, au moment de la paix des Pyrénées, laquelle mettoit fin à la guerre que la noblesse aimoit.