Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/25

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effet, les Espagnols, humiliés par tant de disgrâces, abattus par tant de pertes, dévoient attirer sa compassion et sa charité ; et les François, devenus insolents par les avantages de la guerre, méritoient d’éprouver les rigueurs salutaires de la paix. Il souvenoit à Son Éminence du beau mot de ce Castillan, qui étrangla don Carlos, par l’ordre de Philippe II : Calla, calla, señor don Carlos ; todo lo que se haze es par su bien ; et touché d’une si amoureuse punition, quand elle a pris le bien des particuliers, après avoir épuisé les sources publiques, elle a étouffé nos gémissements et réprimé nos murmures, en nous disant paternellement : Calla, calla, seños Frances ; todo lo que se haze es par su bien.

Je croirois assez que des considérations politiques ont été mêlées avec une conduite chrétienne, dans la douceur et la bonté qu’a eue M. le cardinal, pour les Espagnols. Auguste, qui voulut donner des bornes à l’empire, et lui laisser, en mourant, une grandeur juste et mesurée, pourroit bien lui avoir servi d’exemple, dans la modération de sa paix.

Il a jugé que la France se conserveroit mieux, unie, comme elle est, et ramassée, pour ainsi dire, en elle-même, que dans une vaste étendue ; et ce fut une prudence dont peu de ministres sont capables, de songer à couvrir