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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/245

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pas l’affaire, ni la suite qu’elle a eue, je l’accuse d’avoir eu trop d’emportement et de courage chez Renard, et trop de réflexion et de sagesse dans le procédé. Mais, pour peu de bonté que vous ayez, Messieurs, vous excuserez un homme qui a pris seulement une chose pour l’autre ; qui fut vaillant quand il falloit être sage, et qui fut sage quand il falloit être vaillant : si bien que ce n’est qu’un peu de mécompte ; et vous auriez trop de sévérité, si vous ne lui pardonniez cette méprise.

Et après tout, quand on voudroit prendre les choses à la rigueur, contre qui se devoit battre Monsieur de Beaufort ? S’il se fût battu contre Monsieur de Candale, qui étoit le vrai procédé en cette affaire, au moindre désavantage qu’il eût eu, toute la cour s’en fût réjouie : la reine étoit encore aigrie de la guerre de Paris ; sa réconciliation avec Monsieur le cardinal Mazarin n’étoit pas encore bien faite ; presque tous les gens du monde s’étaient offerts à Monsieur de Candale : Dieu sait quelle joie, s’il eût reçu quelque blessure ou rendu l’épée ! De se battre contre Boutteville, c’étoit une chose presque aussi fâcheuse ; il ne lui pouvoit arriver du désordre, que Monsieur le Prince et tous ses amis n’en eussent pris un merveilleux avantage. De la façon qu’il avoit traité Jarzay, c’étoit une affaire sans quartier ; et dans le vœu qu’il a fait d’observer le précepte naturel toute sa vie, il n’avoit garde de se porter à cette inhumanité.

Il est certain qu’il se fût battu contre Moret ; mais celui-ci lui donna un rendez-vous, trop éloigné des chirurgiens, comme lui dit judicieusement Monsieur de Beaufort ; et quand à ce que disoit là-dessus