Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/246

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Monsieur de Palluau, qu’il devoit se contenter de la poudre de sympathie, cela est bon à des gens comme lui sans conscience ; mais ce prince est trop homme de bien, pour se servir de remèdes qui ne sont pas naturels : Madame de Vendôme lui prêchant toujours qu’il vaut mieux mourir mille fois, que de chercher sa guérison dans la magie.

Voilà les raisons qu’il avoit de ne point tirer l’épée ; chacun en aura les sentiments qu’il voudra. Pour moi, je croirai toujours qu’un homme généreux ne sauroit apporter trop de précaution, pour empêcher que ses ennemis n’aient avantage sur lui ; ce qui pouvoit arriver à Monsieur de Beaufort, s’il se fût commis avec des personnes désespérées. Mais je veux qu’il ait été emporté de trop de chaleur ; et que par l’impétuosité d’un grand cœur, dont il ne fut pas le maître en cette occasion, il ait offensé mal à propos tant d’honnêtes gens ; est-ce à dire qu’un outrage ne se puisse réparer que par la mort ? Et lorsqu’un grand prince a la bonté de revenir, ses civilités doivent-elles être méprisées ? Quels compliments n’a-t-on pas fait aux intéressés ? Et quelles satisfactions ne leur a-t-on pas données, si vous en exceptez celle de se battre : satisfaction cruelle et sanglante que toutes les nations ont sujet de nous reprocher ? Si ce généreux prince avoit les sentiments aussi délicats pour les injures, que ces messieurs qui se plaignent, quels chagrins ne devoit-il pas ressentir, pour faire voir qu’il n’a rien oublié, qui pût gagner le cœur et l’amitié de la noblesse ? Vous savez qu’aussitôt qu’il eut fait son accommodement, il commença à songer à la fortune des honnêtes gens, et résolut d’employer tout son