Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/253

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Eh ! quoi, Messieurs, ne pensez-vous pas que ce prince l’a moins incommode dans la guerre de Paris que dans la paix ? Et, à votre avis, le combat de Vitry n’étoit-il pas plus indifférent à la cour que la négociation de l’Amirauté ?

Dans cette guerre, il étoit toujours en état de s’enfuir ou d’être battu, et jamais son courage et sa sûreté ne s’accordoient ensemble. On n’alloit à la campagne qu’avec frayeur ; on rentroit peu souvent dans Paris sans honte, et les succès les plus heureux étoient de faire venir du pain, sans combattre.

En ce temps-là, Monsieur de Beaufort, réduit avec vous aux dernières nécessités, ne faisoit, pour dire le vrai, ni beaucoup de peur, ni beaucoup de mal aux troupes de Saint-Germain ; mais aujourd’hui qu’il force la cour, qu’il ôte quatre-vingt mille livres de rente à la reine même, vous appelez cela réconciliation et bonne amitié ? Non, Messieurs, détrompez-vous, je vous prie, et croyez qu’il a exercé la plus fine de toutes les vengeances.

Si dans le compliment qu’il fallut faire au cardinal pour le remercier de cette affaire, il l’assura d’avoir le même attachement à ses intérèts que Champfleury12 ; il faut croire qu’il ajoutoit la moquerie au premier outrage ; et c’est violer le respect qu’on doit à sa qualité de prince, de s’imaginer qu’il ait été capable de cette bassesse. Ceux qui sont dans le haut rang peuvent bien se dire amis des ministres, mais de descendre à l’attachement de capitaine de leurs gardes, cela ne s’est jamais fait ; et pour vous ôter tous les soupçons que vous avez injustement pris, je


12. Capitaine des gardes du cardinal Mazarin.