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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/275

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poussent l’esprit, sans gagner le jugement. Son discours forcé me communique une espèce de contrainte ; et l’âme, au lieu d’y trouver sa satisfaction et son repos, y rencontre du chagrin et de la gêne.

Néron, qui pour être un des plus méchants princes du monde, ne laissoit pas d’être fort spirituel, avoit auprès de lui des espèces de petits maîtres fort délicats, qui traitoient Sénèque de pédant, et le tournoient en ridicule. Je ne suis pas de l’opinion de Berville, qui pensoit que le faux Eumolpe de Pétrone1 fût le véritable Sénèque. Si Pétrone eût voulu lui donner un caractère injurieux, c’eût été plutôt sous le personnage d’un pédant philosophe, que d’un poëte impertinent. D’ailleurs, il est comme impossible d’y trouver aucun rapport. Sénèque étoit le plus riche homme de l’empire, et louoit toujours la pauvreté : Eu-


1. Voy. Pétrone, Satyr., cap. xc, et seq., de l’éd. de Burmann. — Quel est ce Berville dont il est ici parlé ? Ni Des Maizeaux, ni personne après lui, n’a cherché à l’éclaircir. Je crois que Berville, cité par notre auteur avec une estime familière, n’est autre que Bardouville, gentilhomme normande et fort bel esprit, nommé dans la Conversation du maréchal d’Hocquincourt, et qui possédoit la seigneurie de Berville, dont il avoit probablement porté le nom, avant ou en même temps que celui de la seigneurie de Bardouville, laquelle en étoit voisine. Voyez l’ouvrage indiqué par le P. Le Long, t. III, n° 35 281 ; et notre tome I, pages 38 et 39.