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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/276

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molpe, un poëte fort mal dans ses affaires, et au désespoir de sa condition ; il se plaignoit de l’ingratitude du siècle, et trouvoit, pour toute consolation, que bonæ mentis soror est paupertas. Si Sénèque avoit des vices, il les cachoit avec soin, sous l’apparence de la sagesse : Eumolpe faisoit vanité des siens, et traitoit ses plaisirs avec beaucoup de liberté.

Je ne vois donc pas sur quoi Berville pouvoit appuyer sa conjecture. Mais je suis trompé, si tout ce que dit Pétrone du style de son temps, de la corruption de l’éloquence et de la poésie ; si les controversiæ sententiolis vibrantibus pictæ, qui le choquoient si fort ; si le vanus sententiarum strepitus, dont il étoit étourdi, ne regardoient pas Sénèque ; si le per ambages deorumque ministeria, etc., ne s’adressoit pas à la Pharsale de Lucain ; si les louanges qu’il donne à Virgile, à Horace, n’alloient pas au mépris de l’oncle et du neveu.

Quoi qu’il en soit, pour revenir à ce qui me semble de ce philosophe, je ne lis jamais ses écrits, sans m’éloigner des sentiments qu’il veut inspirer à ses lecteurs. S’il tâche de persuader la pauvreté, on meurt d’envie de ses richesses. Sa vertu fait peur, et le moins vicieux s’abandonneroit aux voluptés, par la peinture qu’il en fait. Enfin, il parle tant de la mort, et me laisse des idées si noires, que je fais ce