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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/286

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de religion, mais en effet les seuls qu’il paroisse avoir dans toutes ses aventures. Je pourrois dire encore que le bon Eumolpe est couru des petits enfants, quand il récite ses vers : mais quand il corrompt son disciple, la mère le regarde comme un philosophe ; et couchés dans une même chambre, le père ne s’éveille pas, tant le ridicule est sévèrement puni chez Pétrone, et le vice heureusement protégé. Jugez, par là, si la vertu n’a pas besoin d’un autre orateur, pour être persuadée. Je pense qu’il est du sentiment de Bautru11 : « Qu’honnête homme et bonnes mœurs ne s’accordent pas ensemble. » Si ergo Petronium adimus, adimus virum ingenio vere aulico, elegantiæ arbitrum, non sapientiæ.

III. On ne sauroit douter que Pétrone n’ait voulu décrire les débauches de Néron, et que ce Prince ne soit le principal objet de son ridicule : mais de savoir si les personnes qu’il introduit, sont véritables ou feintes, s’il nous donne des caractères à sa fantaisie, ou le propre naturel de certaines gens, la chose est fort difficile, et on ne peut raisonnablement s’en assurer. Je pense, pour moi, qu’il n’y a aucun


11. Le même dont il est question dans la lettre au comte d’Olonne, qui précède. Bautru étoit un fort bel esprit. Quelques vers de lui, ou à lui attribués, ont été imprimés dans le Cabinet satirique. Voy. la Biogr. univ.