Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/287

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

personnage, dans Pétrone, qui ne puisse convenir à Néron. Sous Trimalcion, il se moque apparemment de sa magnificence ridicule, et de l’extravagance de ses plaisirs. Eumolpe nous représente la folle passion qu’il avoit pour le théâtre : Sub nominibus exoletorum fœminarumque, et novitate cujusque stupri, flagitia principis perscripsit12 ; et par une agréable disposition de différentes personnes imaginées, il touche diverses impertinences de l’Empereur, et le désordre ordinaire de sa vie.

On pourra dire que Pétrone est bien contraire à soi-même, d’en blâmer les vices, la mollesse et les plaisirs, lui qui fut si ingénieux dans la recherche des voluptés : Dum nihil amœnum, et molle affluentia putat nisi quod ei Petronius approbavisset13. Car, à vrai dire, quoique le Prince fût assez corrompu, de son naturel, au jugement de Plutarque, la complaisance de ce courtisan a contribué beaucoup à le jeter dans toute sorte de luxe et de profusion. En cela, comme en la plupart des choses de l’histoire, il faut regarder la différence des temps. Avant que Néron se fût laissé aller à cet étrange abandonnement, personne ne lui étoit si agréable que Pétrone ; jusques-là,


12. Tacite, loc. cit.

13. Tacite, ibidem.