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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/313

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LETTRE DE M . DE CORNEILLE À M. DE SAINT-ÉVREMOND,
POUR LE REMERCIER DES LOUANGES QU’IL LUI
AVOIT DONNÉES, DANS LA DISSERTATION SUR
L’ALEXANDRE DE RACINE.
(1668.)

Monsieur,

L’obligation que je vous ai est d’une nature à ne pouvoir jamais vous en remercier dignement ; et dans la confusion où j’en suis, je m’obstinerois encore dans le silence, si je n’avois peur qu’il ne passât auprès de vous pour ingratitude. Bien que les suffrages de l’importance du vôtre nous doivent toujours être très-précieux, il y a des conjonctures qui en augmentent infiniment le prix. Vous m’honorez de votre estime, en un temps où il semble qu’il y ait un parti fait pour ne m’en laisser aucune. Vous me soutenez, quand on se persuade qu’on m’a abattu ; et vous me consolez glorieusement de la délicatesse de notre siècle, quand vous daignez m’attribuer le bon goût de l’antiquité. C’est un merveilleux avantage pour un homme qui ne peut douter que la postérité ne veuille bien s’en rapporter à vous : aussi je vous avoue,