Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/322

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de n’aimer qu’une personne à la fois. Celle qui n’en aime qu’une se donne seulement ; celle qui en aime plusieurs s’abandonne ; et de cette sorte de bien, comme des autres, l’usage est honnête, et la dissipation honteuse.


DE LA TRAGÉDIE ANCIENNE ET MODERNE.
(1672.)

On n’a jamais vu tant de règles pourfaire de belles tragédies ; et on en fait si peu, qu’on est obligé de représenter toutes les vieilles. Il me souvient que l’abbé d’Aubignac en composa une selon toutes les lois qu’il avoit impérieusement données pour le théâtre1. Elle ne réussit point ; et comme il se vantoit partout d’être le seul de nos auteurs qui eût bien suivi les préceptes d’Aristote : Je sais bon gré à M. d’Aubignac, dit Monsieur le Prince, d’avoir si bien suivi


1. François Hédelin, abbé d’Aubignac, né en 1604, mort en 1676. Il publia en 1657 un traité de la Pratique du théâtre, qui obtint assez de succès et d’autorité. Quelque temps après, il donna une tragédie en prose, intitulée Zénobie, qui fut sifflée ; c’est d’elle qu’il s’agit.