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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/327

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entretiens de Pauline et de Sévère, animés d’autres sentiments et d’autres passions, n’eussent conservé à l’auteur la réputation que les vertus chrétiennes de nos martyrs lui eussent ôtée.

Le théâtre perd tout son agrément dans la représentation des choses saintes, et les choses saintes perdent beaucoup de la religieuse opinion qu’on leur doit, quand on les représente sur le théâtre.

À la vérité, les histoires du vieux Testament s’accommoderoient beaucoup mieux à notre scène. Moïse, Samson, Josué, y feroient tout un autre effet que Polyeucte et Néarque. Le merveilleux qu’ils y produiroient a quelque chose de plus propre pour le théâtre. Mais il me semble que les prêtres ne manqueroient pas de crier contre la profanation de ces histoires sacrées, dont ils remplissent leurs conversations ordinaires, leurs livres, et leurs sermons. Et à parler sainement, le passage de la mer Rouge, si miraculeux ; le soleil arrêté dans sa course à la prière de Josué, les armées défaites par Samson avec une mâchoire d’âne ; toutes ces merveilles, dis-je, ne seroient pas crues à la comédie, parce qu’on y ajoute foi dans la Bible : mais on en douteroit bientôt dans la Bible, parce qu’on n’en croiroit rien à la comédie.