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XI

SUR LES TRAGÉDIES.

(1677.)



J’avoue que nous excellons aux ouvrages de théâtre ; et je ne croirai point flatter Corneille, quand je donnerai l’avantage à beaucoup de ses tragédies, sur celles de l’antiquité. Je sais que les anciens tragiques ont eu des admirateurs dans tous les temps, mais je ne sais pas si cette sublimité dont on parle est bien fondée. Pour croire que Sophocle et Euripide sont aussi admirables qu’on nous le dit, il faut s’imaginer bien plus de choses de leurs ouvrages, qu’on n’en peut connoître par des traductions ; et selon mon sentiment, les termes et la diction doivent avoir une part considérable à la beauté de leurs tragédies.

Il me semble voir, au travers des louanges que leur donnent leurs plus renommés partisans, que la grandeur, la magnificence, et la dignité surtout, leur étoient des choses fort peu connues : c’étoient de beaux esprits resserrés dans le ménage d’une petite république, à qui