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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/367

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puis approuver si elles ne sont rares, tout à fait nobles et tout à fait justes ; autrement, c’est chercher, par adresse, une diversion, pour se dérober aux choses que l’on ne fait pas connoître. Quelque beauté cependant que puissent avoir les comparaisons, elles conviennent beaucoup plus au poëme épique qu’à la tragédie. Dans le poëme épique, l’esprit cherche à se plaire hors de son sujet ; dans la tragédie, l’âme, pleine de sentiments et possédée de passions, se tourne malaisément au simple éclat d’une ressemblance.

Ramenons notre discours à ces anciens, dont il s’est insensiblement éloigné ; et, cherchant à leur faire justice, confessons qu’ils ont beaucoup mieux réussi à exprimer les qualités de leurs héros qu’à dépeindre la magnificence des grands rois. Une idée confuse des grandeurs de Babylone avoit gâté plutôt qu’élevé leur imagination ; mais leur esprit ne pouvoit pas s’abuser sur la force, la constance, la justice et la sagesse, dont ils avoient tous les jours des exemples devant les yeux. Leurs sens, dégagés du faste, dans une république médiocre, laissoient leur raison plus libre à considérer les hommes par eux-mêmes.

Ainsi, rien ne les détournoit d’étudier la nature humaine, de s’appliquer à la connoissance des vices et des vertus, des inclinations et des