Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/38

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en état de suivre le roi, on ne vînt à se passer aisément de lui, dans la campagne. Le souvenir des derniers exploits lui en faisoit appréhender de nouveaux ; et pour se délivrer d’inquiétude, il aima mieux finir la guerre, par une paix toute de lui, que de voir faire conquête sur conquête, où il n’auroit point de part.

D’ailleurs, il commencoit à se lasser de tous les maux qu’il avoit fait souffrir à M. le Prince. Sa haine s’étant enfin épuisée, il s’apprivoisoit à l’imagination de son retour, et se flattoit même quelquefois du plaisir qu’il auroit de le voir abandonné des Espagnols et humilié devant lui. Il pensoit trouver, à la conférence, une soumission générale ; et faire là, comme bon lui semblerait, le destin de tous les peuples. Mais Don Luis, qui fut souple pour l’attirer, devint fier, sitôt qu’il le vit entre ses mains, et voulut regagner, dans la hauteur du traité, la réputation qu’il avoit perdue, dans la foiblesse de la guerre. Et certes, c’est une chose assez remarquable, que les grands d’Espagne, qu’on nous dépeignoit si fiers, ayent reconnu la supériorité de notre nation, par des déférences aux François, qui sentoient moins la civilité que l’assujettissement ; et que M. le cardinal, qui seul avoit l’honneur et les droits de la France à soutenir, ait trouvé moyen, avec la force et la raison, de se faire un maître. Il pouvoit tout