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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/402

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vent avec tant de peine la prononciation ; mais après qu’une longue étude leur a fait surmonter toutes ces difficultés, et qu’ils viennent à posséder bien ce qu’ils chantent, rien n’approche de leur agrément. Il nous arrive la même chose sur les instruments, et particulièrement dans les concerts, où rien n’est bien sûr, ni bien juste, qu’après une infinité de répétitions ; mais rien de si propre et de si poli, quand les répétitions sont achevées. Les Italiens, profonds en musique, nous portent leur science aux oreilles, sans douceur aucune : les François ne se contentent pas d’ôter à la science la première rudesse, qui sent le travail de la composition ; ils trouvent, dans le secret de l’exécution, comme un charme pour notre âme, et je ne sais quoi de touchant qu’ils savent porter jusqu’au cœur.

J’oubliois à vous parler des machines, tant il est facile d’oublier les choses qu’on voudroit qui fussent retranchées. Les machines pourront satisfaire la curiosité des gens ingénieux pour des inventions de mathématiques, mais elles ne plairont guère, au théâtre, à des personnes de bon goût. Plus elles surprennent, plus elles divertissent l’esprit de son attention au discours ; et plus elles sont admirables, et moins l’impression de ce merveilleux laisse à l’âme de tendresse, et du sentiment exquis dont