Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/403

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elle a besoin, pour être touchée du charme de la musique. Les anciens ne se servoient de machines, que dans la nécessité de faire venir quelque dieu ; encore les poëtes étoient-ils trouvés ridicules, presque toujours, de s’être laissé réduire à cette nécessité-là. Si l’on veut faire de la dépense, qu’on la fasse pour les belles décorations, dont l’usage est plus naturel, et plus agréable, que n’est celui des machines. L’antiquité, qui exposoit des dieux à ses portes, et jusqu’à ses foyers ; cette antiquité, dis-je, toute vaine et crédule qu’elle étoit, n’en exposa néanmoins que fort rarement sur le théâtre. Après que la créance en a été perdue, les Italiens ont rétabli, en leurs Opéras, des dieux éteints dans le monde, et n’ont pas craint d’occuper les hommes de ces vanités ridicules, pourvu qu’ils donnassent à leurs pièces un plus grand éclat, par l’introduction de cet éblouissant et faux merveilleux. Ces divinités de théâtre ont abusé assez longtemps l’Italie. Détrompée heureusement à la fin, on la voit renoncer à ces mêmes dieux qu’elle avoit rappelés, et revenir à des choses qui n’ont pas véritablement la dernière justesse, mais qui sont moins fabuleuses, et que le bon sens, avec un peu d’indulgence, ne rejette pas.

Il nous est arrivé, au sujet des dieux et des