Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/435

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de valeur, pour défaire et chasser loin de lui les Allemands : il eut une dextérité admirable à ménager les Gaulois, se prévalant de leurs jalousies particulières, pour les assujettir les uns par les autres. Quelque chose de vaste, qui se mêloit dans son esprit avec ses belles qualités, lui fit abandonner ses mesures ordinaires, pour entreprendre l’expédition d’Angleterre : expédition chimérique, vaine pour sa réputation, et tout à fait inutile pour ses intérêts. Que de machines n’a-t-il pas employées, pour lever les obstacles qui s’opposoient au dessein de sa domination ! Il ruina le crédit de tous les gens de bien, qui pouvoient soutenir la République : il fit bannir Cicéron par Clodius qui venoit de coucher avec sa femme ; il donna tant de dégoût à Catulus et à Lucullus, qu’ils abandonnèrent les affaires ; il rendit la probité de Caton odieuse, la grandeur de Pompée suspecte ; il souleva le peuple contre ceux qui protégeoient la liberté. Voilà ce qu’a fait César, contre les défenseurs de l’État ; voici ce qu’il fit, avec ceux qui lui aidèrent à le renverser. Son inclination pour les factieux se découvrit, à la conjuration de Catilina : il fut des amis de Catilina, et complice secret de son crime ; il rechercha l’amitié de Clodius, homme violent et téméraire ; il se lia avec Crassus, plus riche que bon citoyen ; il se servit de Pompée, pour acquérir du