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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/436

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crédit. Dès qu’on songea à donner des bornes à son autorité, et à prévenir l’établissement de sa puissance, il n’oublia rien pour ruiner Pompée ; il mit Antoine dans ses intérêts ; il gagna Curion et Dolabella ; il s’attacha Hirtius, Oppius, Balbus, et tout autant qu’il put de gens inquiets, audacieux, entreprenants, capables de travailler, sous lui, à la ruine de la République.

Des mesures si fines, si artificieuses ; des moyens si cachés et si délicats ; une conduite si étudiée, en toutes choses ; tant de dissimulation, tant de secret, ne peuvent s’attribuer à un esprit vaste : ses fautes, ses malheurs, sa ruine, sa mort, ne doivent s’imputer qu’à cet esprit. Ce fut cet esprit qui l’empêcha d’assujettir Rome, comme il le pouvoit, ou de la gouverner, comme il l’eût dû ; c’est ce qui lui donna fantaisie de faire la guerre aux Parthes, quand il falloit s’assurer mieux des Romains. Dans un État incertain, où les Romains n’étoient ni citoyens, ni sujets, où César n’étoit ni magistrat ni tyran, où il violoit toutes les lois de la République et ne savoit pas établir les siennes : confus, égaré, dissipé, dans les vastes idées de sa grandeur, ne sachant régler ni ses pensées, ni ses affaires, il offensoit le Sénat et se fioit à des Sénateurs ; il s’abandonnoit à des infidèles, à des ingrats, qui, préférant la liberté à toutes les vertus, aimèrent mieux assassiner un ami, et