Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/438

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tous ceux des Romains. La grande Ligue de Smalcalde fut ruinée par sa conduite et par sa valeur. Il changea toute la face des affaires d’Allemagne ; transféra l’Électorat de Saxe d’une branche à une autre : de Frédéric vaincu et dépouillé, à Maurice qui avoit suivi le parti du victorieux. La religion même fut soumise à la victoire, et elle reçut de la volonté de l’Empereur, le fameux Intérim12 dont on parlera toujours. Mais cet esprit vaste embrassa trop de choses pour en régler aucune. Il ne fit pas réflexion qu’il pouvoit plus par autrui que par lui-même ; et dans le temps qu’il croyoit avoir assujetti Rome et l’Empire, Maurice tournant contre lui les armées qu’il sembloit commander pour son service, faillit à le surprendre à Inspruck, l’obligea de se sauver en chemise, et de se retirer en toute diligence à Villach.

Il est certain que Charles-Quint avoit de grandes qualités, et qu’il a fait de très-grandes choses ; mais cet esprit vaste dont on le loue, lui a fait faire beaucoup de fautes et lui a causé bien des malheurs. C’est à cet esprit que


12. C’étoit une espèce de règlement, que Charles-Quint fit, en 1548, sur les articles de foi qu’il vouloit qu’on crût généralement, en Allemagne, en attendant qu’un Concile en eût décidé. (Des Maizeaux.) Voy. J. Sleidan, de Statu religionis, etc., édit. de Francfort, 1785-86, 3 vol in-8º.