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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/444

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Richelieu redoubla les secours, fit passer de grandes armées en Allemagne, arrêta le progrès des impériaux, et donna moyen aux Suédois de rétablir leurs affaires, dans l’Empire.

Voilà ce qu’a fait le cardinal de Richelieu, comme grand, comme magnanime, comme sage, comme ferme. Voyons ce qu’il a fait, par son esprit vaste.

La prison de l’électeur de Trêves nous fournit le sujet, ou le prétexte, de déclarer la guerre aux Espagnols ; et ce dessein étoit digne de la grande âme du cardinal de Richelieu : mais cet esprit vaste qu’on lui a donné, se perdit dans l’étendue de ses projets. Il prit de si fausses mesures pour le dehors, et donna un si méchant ordre au dedans, que nos affaires vraisemblablement en devoient être ruinées. Le cardinal se mit en tête le dessein le plus chimérique que l’on ait jamais vu ; c’étoit d’attaquer la Flandre par derrière, et lui ôter toute la communication qu’elle pouvoit avoir avec l’Allemagne, par le moyen de la Meuse.

Il s’imagina qu’il prendroit Bruxelles, et feroit tomber les Pays-Bas en même temps. Pour cet effet, il envoya une armée de trente-cinq mille hommes joindre celle du prince d’Orange, dans le Brabant. Mais au lieu d’enfermer la Flandre entre la Meuse et la Somme, il enferma notre armée entre les places de la Flandre et celles