Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/450

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chiens, de ses guenons, de ses oiseaux ; et je m’attends que le désordre de sa coiffure et de ses habits, lui fera perdre l’éclat de cette beauté qui nous étonnoit à la cour. Mais c’est là qu’elle est cent fois plus aimable ; c’est là qu’un charme plus naturel donne du dégoût pour tout art, pour toute industrie ; c’est là que la liberté de son esprit et de son humeur n’en laisse à personne qui la voye.

Que feroit le plus grand de ses ennemis ? Je lui souhaite une maladie qui puisse ruiner ses appas : mais nous sommes plus à plaindre qu’elle dans ses douleurs. Ses douleurs ont un charme, qui nous cause plus de mal qu’elle n’en souffre.

Après m’être laissé attendrir par ses maux, je cherche à m’attirer des outrages qui m’irritent. Je choque à dessein toutes ses opinions ; j’excite sa colère dans la dispute ; je me fais faire des injustices au jeu ; j’insinue moi-même les moyens de mon oppression, pour me donner le sujet d’un véritable ressentiment. Que me sert toute cette belle industrie ? Ses mauvais traitements plaisent au lieu d’irriter ; et ses injures, plus charmantes que ne seroient les caresses des autres, sont autant de chaînes qui me lient à ses volontés. Je passe de son sérieux à sa gaieté. Je la veux voir sérieuse, pensant la trouver moins agréable : je la veux