Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/451

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voir plus libre, espérant de la trouver indiscrète. Sérieuse, elle fait estimer son bon sens : enjouée, elle fait aimer son enjouement.

Elle sait autant qu’un homme peut savoir, et cache sa science avec toute la discrétion que doit avoir une femme retenue. Elle a des connaissances acquises, qui ne sentent en rien l’étude qu’elle a employée pour les acquérir : elle a des imaginations heureuses, aussi éloignées d’un air affecté qui nous déplaît, que d’un naturel outré qui nous blesse.

J’ai vu des femmes qui se faisoient des amants par l’avantage de leur beauté, qui les perdoient par les défauts de leur esprit : j’en ai vu qui nous engageoient, pour être belles et spirituelles ensemble, et qui rebutoient comme indiscrètes, peu sûres et intéressées. Avec Mme Mazarin, passez du visage à l’esprit, des qualités de l’esprit à celles de l’âme, vous trouverez que tout vous attire, tout vous attache, tout vous lie, et que rien ne sauroit vous dégager. On se défend des autres, par la raison ; c’est la raison qui nous livre, et qui nous assujettit à son pouvoir. Ailleurs, notre amour commence d’ordinaire où finit notre raison ; ici, notre amour ne sauroit finir que notre raison ne soit perdue.

Ce que je trouve de plus extraordinaire, en Mme Mazarin, c’est qu’elle inspire toujours