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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/456

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timents que David et Jonathan avoient l’un pour l’autre, ils s’aimoient, dit-elle3, de l’amour d’une femme : pour montrer que c’étoit le plus tendre des amours.

Salomon, dans la vigueur de son âge, fait voir moins de tendresse et de sincérité, dans ses affections. Il employa jusqu’à la réputation de sa sagesse, pour se faire aimer. C’est par là qu’il tira tant d’or de la reine de Saba, de cette reine follement éprise de la sagesse, qui voulut quitter son royaume pour voir un sage.

Comme Salomon approcha de la vieillesse, il changea de conduite avec les femmes. Lorsqu’il eut perdu le mérite de plaire, il s’en fit un d’obéir. Il pouvoit commander, il pouvoit contraindre ; mais il ne voulut rien devoir à la puissance ; il voulut que la docilité et la soumission lui tinssent lieu de ses agréments passés. Tout roi, tout sage qu’il est, il se soumet aux maîtresses, sur ses vieux jours : croyant qu’en cet âge triste et malheureux, il faut se dérober autant qu’on peut à soi-même, et qu’il vaut mieux se livrer aux charmes d’une beauté qui enchante nos maux, qu’à des réflexions qui


3. Au second livre de Samuel, ch. i. L’hébreu dit : l’amour que vous aviez pour moi étoit extrême : il passoit l’amour des femmes. C’est David qui parle ainsi de Jonathan, qu’il venoit de perdre. (Des Maizeaux.)