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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/466

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OBSERVATIONS SUR LE GOÛT ET LE DISCERNEMENT
DES FRANÇOIS.
(1683.)

Quoique le génie ordinaire des François paroisse assez médiocre, il est certain que ceux qui se distinguent parmi nous, sont capables de produire les plus belles choses : mais quand ils savent les faire, nous ne savons pas les estimer ; et si nous avons rendu justice à quelque excellent ouvrage, notre légèreté ne le laisse pas jouir longtemps de la réputation que nous lui avons donnée. Je ne m’étonne point que le bon goût ne se trouve pas, en des lieux où règne la barbarie ; et qu’il n’y ait point de discernement, où les lettres, les arts et les disciplines sont perdus. Il seroit ridicule aussi de chercher une lumière si exquise en certains temps d’imbécillité et d’ignorance : mais ce qui est étonnant, c’est de voir, dans la cour la mieux polie, le bon et le mauvais goût, le vrai et le faux esprit, être tour à tour à la mode, comme les habits.