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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/470

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en ce qui regarde l’extérieur, que les étrangers, honteux de leur bon sens, comme d’une qualité grossière, cherchent à se faire valoir chez eux par l’imitation de nos modes, et renoncent à des qualités essentielles, pour affecter un air et des manières qu’il ne leur est presque pas possible de se donner. Aussi ce changement éternel aux meubles et aux habits, qu’on nous reproche, et qu’on suit toujours, devient, sans y penser, une sagesse bien grande : car outre une infinité d’argent que nous en tirons, c’est un intérêt plus solide qu’on ne croit, d’avoir des François répandus partout, qui forment l’extérieur de tous les peuples sur le nôtre ; qui commencent par assujettir les yeux, où le cœur s’oppose encore à nos lois ; qui gagnent les sens en faveur de notre empire, où les sentiments tiennent encore pour la liberté.

Heureux donc ce caprice noble et galant, qui se fait recevoir de nos plus grands ennemis ; mais nous devrions nous défaire de celui qui veut régner dans les arts, et qui décide impérieusement des productions de l’esprit, sans consulter ni le bon goût, ni la raison. Quand nous sommes arrivés à la perfection de quelque chose, nous devrions fixer notre délicatesse à la connoître, et la justice que nous lui devons, à l’estimer éternellement : sans