Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/476

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rechercher par amour, et des biens capables de les y obliger par intérêt. Une conjoncture favorable venant s’unir à ces grands motifs, le roi de la Grande-Bretagne la fit demander en mariage4, et le cardinal plus propre à gouverner des souverains qu’à faire des souveraines, perdit une occasion qu’il rechercha depuis inutilement. La reine, mère du roi d’Angleterre, se chargea elle-même de la négociation5 : mais un roi rétabli se souvint du peu de considération qu’on avoit eu pour un roi chassé, et on rejeta, à Londres, les propositions qui n’avoient pas été acceptées à Saint-Jean-de-Luz.

Que ne veniez-vous, madame ? tout eût cédé à vos charmes ; et vous rendriez aujourd’hui une grande nation aussi heureuse que vous le seriez. Le ciel est venu à bout en quelque sorte de son dessein : il vous avoit destinée à faire les délices de l’Angleterre, et vous les faites.

Cette grande affaire ayant manqué, on examina le mérite de nos courtisans, pour vous donner un mari digne de vous. Monsieur le cardinal fut tenté de choisir le plus honnête homme : mais il sut vaincre la tentation ; et


4. Charles II, étoit alors exilé en France. Voyez l’Introduction sur l’année 1675.

5. Ce fut le véritable sujet du voyage que la reine-mère d’Angleterre fit, à Londres, en 1661.