Aller au contenu

Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/475

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Détournons notre imagination de sa mort sur sa naissance, pour dérober un moment à notre douleur. Hortense Mancini est née à Rome, d’une famille illustre ; ses parents ont toujours été considérables. Mais, quand ils auroient tous gouverné des empires, comme son oncle2 ; ni eux, ni ce maître de la France ne lui auroient pas apporté tant d’éclat qu’elle leur en donne. Le ciel a formé ce grand ouvrage, sur un modèle inconnu au siècle où nous sommes : à la honte de notre temps, il a voulu donner à Hortense une beauté de l’ancienne Grèce, et une vertu de la vieille Rome. Laissons écouler son enfance dans ses Mémoires3. Son enfance a eu cent naïvetés aimables, mais rien d’assez important pour notre sujet. Je vous demande, messieurs, je vous demande de l’admiration et des larmes : pour les obtenir, j’ai des vertus et des malheurs à vous présenter.

Le cardinal Mazarin ne fut pas longtemps sans connoître les avantages de sa belle nièce ; et pour faire justice aux grâces de la nature, il destina Hortense à porter son nom, et à posséder ses richesses après sa mort. Elle avoit des charmes qui pouvoient engager des rois à la


2. Le cardinal Mazarin.

3. Les Mémoires de la duchesse Mazarin, attribués à Saint-Évremond, sont de l’abbé de Saint-Réal.