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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/479

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qui l’élève en apparence, l’accable en effet. La grandeur lui est un supplice ; l’abondance une misère. Il a raison de haïr un mariage qui l’a engagé dans les affaires du monde ; et avec raison il s’est repenti d’avoir obtenu ce qu’il avoit tant désiré. Sans ce mariage, si funeste aux intéressés, il mèneroit une vie heureuse à la Trappe, ou en quelque autre société sainte et retirée. Les intérêts du monde l’ont fait tomber dans les mains des dévots du siècle, de ces fourbes spirituels qui font une cour artificieuse, qui tendent des pièges secrets à la bonté des âmes simples et innocentes ; de ces âmes qui, par l’esprit d’une sainte usure, se ruinent à prêter à des gens qui promettent cent et cent d’intérêt en l’autre monde.

Mais le plus grand mal n’est pas à donner, encore qu’on donne mal à propos ; c’est à laisser perdre, et à laisser prendre. Un conseil dévotement imbécile fait couvrir des nudités ; un pareil scrupule fait défigurer des statues ; un jour on enlève les tableaux ; un autre les tapisseries sont emportées : les gouvernements sont vendus, l’argent s’écoule ; tout se dissipe, et on ne jouit de rien. Voilà, messieurs, le misérable état où se trouve M. Mazarin : ne mérite-t-il pas d’avoir part aux larmes que nous répandons ?

Mais Mme Mazarin est mille fois plus à