Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/483

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Et de petits esprits vous nomment Vagabonde,

Quand vous allez régner en tous les lieux du monde6.

Quel pays y a-t-il que Mme Mazarin n’ait pas vu ? Quel pays a-t-elle vu qui ne l’ait pas admirée ? Rome a eu pour elle autant d’admiration que Paris. Cette Rome, de tous temps si glorieuse, est plus vaine de l’avoir donnée au monde, que d’avoir produit tous ses héros ; elle croit qu’une beauté si extraordinaire est préférable à toute valeur, et qu’il y a plus de conquêtes à faire par ses yeux, que par les armes de ses grands hommes. L’Italie vous sera éternellement obligée, madame, de l’avoir défaite de ces règles importunes, qui n’apportent l’ordre qu’avec contrainte ; de lui avoir ôté une science de formalités, de cérémonies, de civilités concertées, d’égards médités, qui rendent les hommes insociables, dans la société même. C’est Mme Mazarin qui a banni toute grimace, toute affectation ; qui a ruiné cet art du dehors qui règle les apparences ; cette étude de l’extérieur qui compose les visages. C’est elle qui a


6. Vers de Saint-Évremond, dans une épître à la duchesse Mazarin, où l’épithète de vagabonde est une allusion à la querelle qui s’éleva, au sujet des deux Phèdre, de Racine et de Pradon ; querelle ou Mme de Mazarin fut vivement attaquée, et traitée de vagabonde, par l’auteur d’une satire qui fit du bruit et qu’on attribua à Despréaux. Voy. l’Introduction.