Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/482

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merce que vous aviez avec M. Mazarin. Remerciez Dieu de la bonne et sage résolution qu’il vous a fait prendre : votre liberté est son ouvrage ; s’il ne vous avoit inspiré ses intentions, une timidité naturelle, une conduite scrupuleuse, une mauvaise honte vous eût retenue auprès de votre mari, et vous vous trouveriez encore assujettie à ses folles inspirations.

Rendez grâces à Dieu, madame : il vous a sauvée. Ce salut vous coûte toutes vos richesses, il est vrai ; mais vous avez conservé votre raison : la condition est assez heureuse. Vous êtes privée de tout ce que vous teniez de la fortune ; mais on n’a pu vous ôter les avantages que la nature vous a donnés : la grandeur de votre âme, les lumières de votre esprit, les charmes de votre visage vous demeurent ; la condition est assez heureuse. Quand M. Mazarin laisse oublier le nom de M. le cardinal en France, vous en augmentez la gloire chez les étrangers : la condition est assez heureuse. Il n’y a point de peuples qui n’aient une soumission volontaire au pouvoir de votre beauté ; point de reines qui ne doivent porter plus d’envie à votre personne que vous n’en devez porter à leur grandeur : la condition est assez heureuse.

Vous êtes admirée en cent et cent climats,
Toutes les nations sont vos propres États :