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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/493

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de la mort, tantôt vous rappeloient à la vie : nous étions sujets à tous les accidents de votre mal ; et pour apprendre de vos nouvelles, il n’étoit pas besoin de demander comment vous étiez, il ne falloit que voir en quel état nous étions.

Loué soit Dieu, ce dispensateur universel des biens et des maux ! loué soit Dieu, qui vous a rendue à nos vœux, et nous a redonnés à nous-mêmes ! Vous voilà vivante, et nous vivons ; mais nous ne sommes pas remis encore de la frayeur du danger que nous avons couru : il nous en reste une triste idée, qui nous fait concevoir plus vivement ce qui arrivera un jour. Un jour la nature défera ce bel ouvrage, qu’elle a pris tant de peine à former. Rien ne l’exemptera de la loi funeste où nous sommes tous assujettis. Celle qui se distingue si fort des autres, pendant sa vie, sera confondue avec les plus misérables, à sa mort. Et tu te plains, génie ordinaire, mérite commun, beauté médiocre ; et tu te plains de ce qu’il te faut mourir ? Ne murmure point, injuste, Hortense mourra comme toi. Un temps viendra (ne pût-il jamais venir ce temps malheureux !); un temps viendra, que l’on pourra dire de cette merveille :

Elle est poudre toutefois,
Tant la Parque a fait ses loix
Égales et nécessaires ;