Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/502

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paroit au soleil ; car le sublime et le merveilleux font honneur ; l’impossible et le fabuleux détruisent la louange qu’on veut donner.

La vérité n’étoit pas du goût des premiers siècles : un mensonge utile, une fausseté heureuse, faisoit l’intérêt des imposteurs, et le plaisir des crédules. C’étoit le secret des grands et des sages, pour gouverner les peuples et les simples. Le vulgaire, qui respectoit des erreurs mystérieuses, eût méprisé des vérités toutes nues : la sagesse étoit de l’abuser. Le discours s’accommodoit à un usage si avantageux : ce n’étoient que fictions, allégories, paraboles ; rien ne paroissoit comme il est en soi : des dehors spécieux et figurés couvroient le fond de toutes choses ; de vaines images cachoient les réalités, et des comparaisons trop fréquentes détournoient les hommes de l’application aux vrais objets, par l’amusement des ressemblances.

Le génie de notre siècle est tout opposé à cet esprit de fables, et de faux mystères. Nous aimons les vérités déclarées, le bon sens prévaut aux illusions de la fantaisie ; rien ne nous contente aujourd’hui, que la solidité et la raison. Ajoutez à ce changement de goût, celui de la connoissance. Nous envisageons la nature, autrement que les anciens ne l’ont regardée. Les cieux, cette demeure éternelle de tant de divi-