Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/504

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ne subsistent pas, après l’empire. Il n’y en a donc que bien peu, qui aient droit de diriger nos esprits, dans tous les temps ; et il seroit ridicule de vouloir toujours régler des ouvrages nouveaux, par des lois éteintes. La poésie auroit tort d’exiger de nous ce que la religion et la justice n’en obtiennent pas.

C’est à une imitation servile et trop affectée, qu’est due la disgrâce de tous nos poëmes. Nos poëtes n’ont pas eu la force de quitter les dieux, ni l’adresse de bien employer ce que notre religion leur pouvoit fournir. Attachés au goût de l’antiquité, et nécessités à nos sentiments ; ils donnent l’air de Mercure, à nos anges, et celui des merveilles fabuleuses des anciens, à nos miracles. Ce mélange de l’antique et du moderne leur a fort mal réussi : et on peut dire qu’ils n’ont su tirer aucun avantage de leurs fictions, ni faire un bon usage de nos vérités.

Concluons que les poëmes d’Homère seront toujours des chefs-d’œuvre : non pas en tout des modèles. Ils formeront notre jugement ; et le jugement réglera la disposition des choses présentes.