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CHAPITRE III.
Des premières guerres des Romains.

Les premières guerres des Romains ont été très-importantes, à leur égard, mais peu mémorables, si vous en exceptez quelques actions extraordinaires des particuliers. Il est certain que l’intérêt de la République ne pouvoit pas être plus grand, puisqu’il y alloit de retomber sous la domination des Tarquins ; puisque Rome ne se sauva du ressentiment de Coriolan, que par les larmes de sa mère ; et que la défense du Capitole fut la dernière ressource des Romains, lorsqu’après la défaite de leur armée, leur ville même fut prise par les Gaulois. Mais, considérant ces expéditions en elles-mêmes, on trouvera que c’étoient plutôt des tumultes que de véritables guerres ; et, à dire vrai, si les Lacédémoniens avoient vu l’espèce d’art militaire que pratiquoient les Romains, en ces temps-là, je ne doute point qu’ils n’eussent pris pour des barbares des gens qui ôtoient la bride aux chevaux, pour donner plus d’impétuosité à la cavalerie ; des gens qui se reposoient de la sûreté de leur garde sur des oies et sur des chiens, dont ils punissoient la paresse ou récompensoient la vigilance.

Cette façon grossière de faire la guerre a duré assez longtemps. Les Romains ont fait