Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/52

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même plusieurs conquêtes considérables, avec une capacité médiocre. C’étaient des gens fort braves et peu entendus, qui avoient affaire à des ennemis moins courageux et plus ignorants. Mais, parce que les chefs s’appeloient des consuls, que les troupes se nommoient des légions, et les soldats des Romains, on a plus donné à la vanité des noms qu’à la vérité des choses ; et, sans considérer la différence des temps et des personnes, on a voulu que ce fussent de mêmes armées, sous Camille, sous Manlius, sous Cincinnatus, sous Papirius Cursor, sous Curius Dentatus, que sous Scipion, sous Marius, sous Sylla, sous Pompée, et sous César.

Ce qu’il y a de véritable, dans les premiers temps, c’est un grand courage, une grande austérité de mœurs, un grand amour pour la patrie : une valeur égale, dans les derniers, beaucoup de science, en ce qui regarde la guerre et en toutes choses, mais beaucoup de corruption.

Il est arrivé de là que les gens de bien, à qui le vice et le luxe étoient odieux, ne se sont pas contentés d’admirer la probité de leurs ancêtres, s’ils n’étendoient leur admiration sur tout, sans distinguer en quoi ils avoient du mérite, et en quoi ils n’en avoient pas. Ceux qui ont eu à se plaindre de leur siècle, ont donné