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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/528

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S’il est ainsi, je cherche une aventure,
En chevalier de la triste figure ;
Et, dût Roland ici ressusciter,
Contre Roland j’oserai tout tenter.
Mais non, Philis, délivrez-vous vous-même ;
Vous en avez souvent usé de même.
Ces enchanteurs cent fois plus renommés,
Malgré leur art se trouvèrent charmés ;
Et votre esprit, dégagé de leurs charmes,

Ne leur laissa que la plainte et les larmes.

Pour relever un courage abaissé,
Songez, Philis, songez au temps passé.

Ce beau garçon dont vous fûtes éprise3,
Mit en vos mains son aimable franchise.
Il étoit jeune, il n’avoit point senti
Ce que ressent un cœur assujetti :
Et jeune encor, vous ignoriez l’usage
Des mouvements qu’excite un beau visage ;
Vous ignoriez la peine et le plaisir
Qu’ont su donner l’amour et le désir.


juteur, et ses principaux amis étant dans le parti opposé à la cour, Ninon résolut de ne pas s’en mêler, et s’éloigna du théâtre des événements, dès le commencement des troubles, en 1649. Elle avoit choisi pour sa retraite une terre du marquis de Villarceaux, alors son amant, et n’en revint qu’en 1652, peu de temps après l’épître de Saint-Évremond. Voy. Bret, Mém. sur la vie de Mlle de Lenclos, p. 48 et suiv., et notre Introduction.

3. Gaspard de Coligny, duc de Châtillon, tué devant Charenton, le 9 février 1649. Ninon l’avoit enlevé à Marion de l’Orme.