Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/53

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mille louanges à l’antiquité, dont ils n’avoient rien à souffrir ; et ceux dont le chagrin trouve à redire à tout ce qu’on voit, ont fait valoir, par fantaisie, ce qu’on ne voyoit plus. Les plus honnêtes gens n’ont pas manqué de discernement ; et sachant que tous les siècles ont leurs défauts et leurs avantages, ils jugeoient sainement, en leur âme, du temps de leurs pères et du leur propre : mais ils étoient obligés d’admirer, avec le peuple, et de crier, quelquefois à propos, quelquefois sans raison : Majores nostri ! majores nostri ! comme ils entendoient crier aux autres. Dans une admiration si générale, les historiens ont pris, aussitôt, le même esprit de respect, pour les anciens ; et, faisant un héros de chaque consul, ils n’ont laissé manquer aucune vertu à quiconque avoit bien servi la république.

J’avoue qu’il y avoit beaucoup de mérite à la servir : mais c’est une chose différente de celle dont nous parlons, et on peut dire véritablement que les bons citoyens étoient chez les vieux Romains, et les bons capitaines chez les derniers.