Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/533

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Il faut brûler d’une flamme légère,
Vive, brillante, et toujours passagère ;
Être inconstante aussi longtemps qu’on peut,

Car un temps vient où ne l’est pas qui veut.



LE CERCLE1.
À Monsieur ***.
(1656.)

On parle depuis peu de certaine ruelle,
Où la laide se rend, aussi bien que la belle :
Où tout âge, tout sexe ; où la ville et la cour,
Viennent prendre séance en l’école d’amour.
À la prude, soumise au devoir légitime,
On inspire l’amour sous le beau nom d’estime ;


1. Je ne pense pas que Saint-Evremond ait ici voulu tourner particulièrement en ridicule une assemblée connue et déterminée de femmes à prétention. C’est la Préciosité en général qu’il attaque et qu’il poursuit. On désignoit alors par le mot de cercle une réunion de précieuses ou de beaux esprits des deux sexes. Molière dit :

Moi, j’irois me charger, d’une spirituelle,
Qui ne parlerait rien que cercle et que ruelle !

Un écrivain contemporain, Jean de la Forge, nous a laissé un livre curieux pour l’histoire des précieuses, intitulé : le Cercle des femmes savantes. Les belles dames du temps y sont indiquées par des noms supposés, comme dans le dictionnaire de Somaize ; mais il y a une clef.