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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/534

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Et son esprit sévère enseigne la vertu,
Quand son cœur, tout facile au charme qu’elle a vu,
Reçoit un feu secret qui n’oseroit paroître,
Et qu’elle aime à sentir sans le vouloir connoître.
L’autre, tout occupée à discourir des cieux,
Sur un simple mortel daigne abaisser les yeux,
Et trouve le moyen de partager son âme
Entre des feux humains et la divine flamme.
Celles que la nature abandonne à leur art,
Y viennent apporter l’étude d’un regard,
Et chercher vainement leur premier avantage
Dans les traits composés de leur nouveau visage.
Telle qui fut jadis le plaisir de nos yeux,
Et qui n’est aujourd’hui qu’un objet odieux,
S’expose, comme elle est, pour flatter sa mémoire,
D’un mot qu’on lui dira de cette vieille gloire :
Ton visage, Chloris, du monde respecté,
Laisse au bruit de ton nom l’effet de la beauté ;
Il change, il dépérit, et longtemps le plus sage,
Séduit par ce grand nom, révère ce visage.
Son éclat tout terni, ses traits tout languissants,
Trouvent chez nous encor le respect de nos sens ;
Et l’œil assujetti n’oseroit reconnoître
Le temps où ta beauté commence à disparoître.
L’orgueilleuse Caliste, où se portent ses pas,
Triomphe également des cœurs et des appas ;
Elle confond son sexe où le nôtre soupire,
Et dispense à son gré la honte et le martyre.
Une jeune coquette, avec peu d’intérêt,
Va chercher à qui plaire, et non pas qui lui plaît ;
Elle a mille galants, sans être bien aimée,
Contente de l’éclat que fait la renommée.
La solide, opposée à tous ces vains dehors,